Photographe  /  Photographer

 

12dds - douce doubledé 'S'

  CV

> Voyage au bout de l'eau

> Menace

> Tripalium

Contactez l'artiste 

adr: 2, rue du Commerce   
7812 Ath - Ligne   


Tél:
+32(0)477 649 449   
Courriel: 
au.cent.charmes.12dds@gmail.com   
Lien Internet : www.artotheque.be   


Présentation de mon travail

L’artiste Douce Doubledé ’S’, Belge, née à Bruxelles, a jeté l’ancre au centre du village de Ligne-Ath, où elle restaure un lieu dit : « Au Cent Charmes », qu’elle souhaite voir évoluer en un relais artistique….

Artiste photographe, autrice poétesse taquinant le saxo, elle décloisonne différentes disciplines artistiques. Tantôt vous pourrez l’écouter dans une soirée poétique, tantôt elle vous conduira dans ses balades photographiques, et enfin elle vous invitera à la mise en voix d’une de ses poésies conjuguées de ses photos.

Autodidacte, son travail repose sur un bel équilibre entre sa perception de l’existant et l’apprivoisement du temps qu’il fait et de ce que fait le temps, et de sa matérialité.

Menace et Tripalium témoignent de ce travail photographique.

Dans cette parole photographique humaniste et révélatrice d’une chronique sociale :  « À travers ce travail de mémoire, je ne cherche pas à photographier l’humain en tant que tel, même si dans notre culture cette approche suppose l’avantage de mettre en exergue une faculté identificatoire bien connue des publicistes. Je cherche à tirer de la matière l’énergie qui happe le regard, et par le détail inviter le visiteur à l’interrogation de la place de l’humain au-delà de l’image. »

Fascinée par les fragments vivants de l’immense kaléidoscope du quotidien,  elle saisit la chimie, la minéralité des éléments dans leur globalité pour aller à la rencontre de leur action…

Artiste photographe flâneuse,  ses clichés sont le mélange de spontanéité et de sens formel. Ils cueillent la cristallisation de ces instants et trouvent un matériau chargé d’énergie.

Sa prédilection pour les décors naturels ne laisse pas de place à l’approximation, pour elle : « La photo est non réductible à l’image. Dans notre société où l’image est omniprésente et où le traitement de celle-ci est une perpétuelle course technique, je cherche à communiquer ma perception de l’existant sans artifice »… et elle poursuit : « Épicurienne, je cherche à me distancier de la standardisation de nos sens… et c’est aux détails que je donne de l’importance, ce sont eux qui ont ma préférence ! »

Elle cite volontiers George  Sand : « Tout ce que l'artiste peut espérer de mieux c'est d'engager ceux qui ont des yeux à regarder aussi... »

 

TRIPALIUM, le chemin du candi, à la recherche d’une humanité…

Qu’est-ce qu’elle a comme travail ? Quel job a-t-il ? Ah bon ! Il n’a pas de boulot ?

Tripaliare étymologiquement veut dire travailler « torturer avec le tripalium »

Serait-ce le poids de la pression mentale pour chacun de nous lorsque nous évoquons le travail… Qui choisit son travail, son job, sa besogne ? Majoritairement ne cherchons-nous pas seulement à travailler pour subsister ?

Quel sens encore donner au travail ?  Le contraste entre l’essor de l’industrie alimentaire et du secteur sucrier et la fermeture des sites et les délocalisations n’ont rien à voir avec la douceur des produits finis. Je ne connais aucune culture où friandises, pâtisseries, limonades et autres produits dérivés ne font pas partie intégrante de la table… Je ne connais aucune culture qui refuse d’adoucir son quotidien, les fêtes témoignent de cette recherche…

C’est de cette dichotomie qu’est née ma parole photographique.

Au-delà de la Dendre et de la ligne de chemin de fer, enserré dans un décor lacéré de hampes métalliques, mon regard scrute l’horizon. Squelette d’une industrie déplacée, les charpentes pendulaires sculptent, façonnent mon champ de vision. Mon  œil se pose sur la trace historique d’un passé laborieux. Carapace vidée de ses précédents essors, les Silos de la Dendre réhabilités en Maison de l’emploi occupent l’arrière-plan… Ironie du sort ou surréalisme ?

… L’église Saint-Julien me toise aussi, moi qui suis là dans l’enchevêtrement de la matière.

Hors des routes balisées, je cherche l’essence même de ces masses difformes qui crèvent le ciel comme un dernier appel… !  

Ma curiosité m’a guidée là, alors que j’étais sur le quai de la gare. Un appel irrésistible devant le découpage, la lacération intempestive de ces bâtiments. Masses et agglomérats, puissances éphémères, dans quelques semaines vos traces auront disparu… à jamais… juste un souvenir, et encore… Aujourd’hui vous n’êtes plus là.

Qui aurait voulu me parler de ces spectres métalliques sans éclat, de cette cuisante défaite devant les besoins mercantiles de nos sociétés ? Personne, fatalisme devant un secteur local en déclin.

La seule indication est cette plaque « Ath – rue de la Sucrerie ».

Alors qu’une bonne partie de l’humanité exploite, se nourrit, vit de l’industrie agro-alimentaire du sucre, je ne sais pas comment il est fabriqué ! L’ignorance n’enlève rien à ma curiosité, au contraire, tous mes sens sont en éveil.

Courbes étranges à la géométrie variable, triangles et ronds abandonnent leur forme première et m’invitent dans ce voyage photographique désarticulé.

« Rue de la Sucrerie », d’après mes sources elle a fermé l’année de ma naissance, c’est la candiserie qui a continué. La candiserie où se fabriquait le sucre candi par cristallisation lente des sirops. Que de souvenirs que ces petits morceaux de candi…

La poussière des gravats de briques et de béton recouvre chaussures, vêtements et lunettes, comme l’oxyde couvre de corrosion les poutrelles métalliques, les machines et les accessoires. Ça croque, ça craque, ça grince…

Dans ma folle envie de créer, de composer avec cette réalité, cette promenade escarpée, me renvoie la douce image d’un sucrier étoilé de cristaux blancs et bruns… Souvenir d’enfance que ce petit morceau de sucre cristallisé, foncé ou clair, donné avec le sourire par ma grand-mère : « Il ne faut pas le croquer, disait-elle, suce-le ».

Quelle joie, ce petit candi ! Il fondait sur ma langue. Elle se jouait de lui. Elle le balançait d’une joue à l’autre. Tel le cristal, il lui répondait d’une manière sonore. Chaque dent recevait sa note. Alors, grand-mère Thérèse me disait « ne fais pas tant de bruit avec ton candi ».  Au rythme de ses percussions, mon plaisir grandissait. Cette matière se façonnait, changeait, se ciselait dans la chaleur douce et constante de ma bouche. Quelques épaisses coulées de sucre se dégageaient en filet et flirtaient avec mes papilles, un vrai raffinement ! Tout un apprentissage !

Un compagnonnage complice se créait. Ma langue et lui s’apprivoisaient.  Au fur et à mesure du temps, elle le modelait, adoucissait ses angles. Il déliait sa substance. Le candi devenait chaud, s’arrondissait, libérait sa pâte sucrée et une joie immense m’habitait.

Soudain plus rien, …… comme moi, fondue dans le décor !

Son gigantisme renvoie à notre vulnérabilité. Mes pas ne laisseront aucune empreinte. Le bruit du crissement de ceux-ci me rappelle, non sans émotion, la balade de ce petit morceau de sucre cristallisé rebondissant d’une joue à l’autre, et de cette voix qui fut le miel de mon enfance « suce-le », me disait-elle, « il durera plus longtemps ».

Seule sur ce site, la poussière sur les lèvres, j’entends cette voix atténuant l’œuvre du temps…

Ici toutes les voix se sont tues… Le silence des machines a quelque chose d’oppressant. L’odeur de la pulpe mélangée à la poussière imprègne mes vêtements, ma peau. Je sens la betterave. Où sont les voix qui habitaient ce site industriel ?

Je suis là, en émoi. J’appréhende l’âme de la candiserie. Les formes me conduisent vers des trous béants et vers le ciel. Le soleil fait partie des absents. Des passerelles et des escaliers résonnent. Leurs vibrations métalliques nourrissent mes empreintes. Ces bruits froids me conduisent vers la lumière…

J’observe les détails sans fards. Tout est brut, comme ces années de labeur à fabriquer du sucre, à élaborer des douceurs… Tels des funambules, lampes, sacs, se balancent au grès du vent. Décor surnaturel, ces ampoules n’éclaireront plus personne ! Une chaise profère des incantations vers le ciel…

Sur ce lieu de travail, je n’ai pas de repère, je photographie pour atténuer l’œuvre du temps. J’apprivoise les mouvements, je donne la parole aux photos ! Je découvre l’échelle rouge, je la contourne, et capte l’ascension !

Une chaise, tel un siège éjectable, tient en équilibre sur une échelle cassée, ascension interrompue. Une autre gît au milieu des détritus…

Le travail, est-ce un pas vers la lumière ou un pas vers les ténèbres… ?

Portes ouvertes sur quoi ? pour qui ?  – machines – sacs – manivelles – poulies – interrupteurs, objets multiformes emmêlés, couverts de poussière, vous portez la noblesse de celles et de ceux qui vous ont élaborés, entretenus, utilisés…

Des écritures, des instructions aiguisent ma quête d’humanité. Vous étiez là, vous habitiez ce lieu d’exploitation journée après journée pendant des années…

Voici le découpage du temps, infaillible, même l’acier trempé n’a pas résisté…

Trace humaine je vous cherche, je vous lis, vous guidez ma compréhension…

Le temps de mon illusion, les interrupteurs brillent  « élévateur » - « ventilateur », un soleil timide a fait une apparition….

Suis-je arrivée comme les Carabiniers d’Offenbach ? Je ne crois pas…

Foison de matériaux de déconstruction, des torsades d’acier forment un nid…

Résidu contrarié verra un projet se matérialiser… dans quelques années !

Espérons que la couvade porte ses fruits, c’est ainsi qu’un petit morceau de candi m’a construite…

Autrice douce doubledé ’S’-12dds - Dolorès DUPAIX 21 novembre 2009  


 



série / Tripalium

Tirages d'art réalisé en 30/40 cm
sur papier baryté mat gloss fuji 290gr ou papier baryté canson 270/290gr - encre pigmentaire autochrome, garantie des couleurs aux UV 150 ans...
tirage limité de 1/30 et sont protégées SOFAM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tirages d'art réalisé en 30/40 cm
sur papier baryté mat gloss fuji 290gr ou papier baryté canson 270/290gr - encre pigmentaire autochrome, garantie des couleurs aux UV 150 ans...
tirage limité de 1/30 et sont protégées SOFAM

 

© 12dds 

Artistes de la Communauté
française de Belgique

Toutes les photos et textes présentés sur notre site Web sont soumis aux droits des artistes